Feedback : nourrir en retour

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Feedback : nourrir en retour

Ma fille est très brillante dans ses études. Elle aime étudier et est un peu perfectionniste. Elle demande des feedbacks pour s’améliorer.

Hier, elle a vécu une déception : une note négative dans une épreuve de rattrapage. Cela l’a dégoûtée et, comme à son habitude, elle a demandé un rendez-vous à sa professeure pour avoir un feedback. Elle avait déjà fait cela avant l’été dans le but d’arriver préparée à cette épreuve. Sa professeure avait mis en évidence ses erreurs, ses points faibles, ce qui n’allait pas. Pas mal d’appréciations négatives… Beaucoup d’entre nous ont perdu le sens de l’expression anglaise feedback : nourrir en retour.

Un feedback négatif donne en retour une nourriture indigeste, toxique. Il n’ouvre aucune nouvelle opportunité pour son destinataire et le confronte aux contraintes, à l’impossibilité. Un feedback efficace transforme les contraintes en opportunités et dynamise la personne qui le reçoit en lui offrant un surplus d’énergie pour remplir sa mission avec succès. Un bon feedback souligne ce qui peut être préservé et crée la possibilité d’une nouvelle approche, d’un changement de point de vue. C’est un cadeau offert à la personne qui le reçoit. Et un cadeau s’offre avec amour, bienveillance et générosité, en tenant compte des besoins du destinataire. Il vient du cœur. Il touche le cœur et aussi le cerveau du destinataire. Lorsque nous recevons des appréciations négatives, notre système limbique génère des émotions limitantes : la personne se bloque, se braque. C’est incontrôlable. De plus, le cerveau ne peut pas gérer directement une information ou une injonction négative. Si je vous dis : « Ne pensez pas à la tour Eiffel ! » à quoi penserez-vous ? Si nous mettons dans un feedback beaucoup de formulations négatives (« Ne fais pas ci, ne fais pas ça… ») le cerveau de notre interlocuteur aura tendance à… penser à la tour Eiffel ! Comment donner un feedback utile ? Voici quelques recommandations : 1) Construire le feedback uniquement sur les aspects factuels et les comportements externes : ce qui peut être vu et entendu. Éviter les phrases du genre : « Oui, là j’ai senti que vous ne vous sentiez pas à l’aise… » car il est impossible de sentir ce qu’une autre personne ressent. Éviter les présuppositions, les préjugés. 2) Commencer toujours par quelques points positifs en expliquant de façon concrète en quoi ils sont positifs. Qu’est-ce qui est réussi ? Pourquoi ? 3) Proposer un ou deux points à améliorer, à stimuler. Pas plus. La personne qui reçoit le feedback doit réorganiser son cognitif pour changer sa façon d’agir et il est ardu de procéder à plus d’un ou deux changements à la fois. 4) Éviter de dire ce que nous ferions à la place de l’autre. Il n’est pas question de nous, il est question d’aider l’autre à développer des nouvelles stratégies pour réussir. 5) Terminer par un retour général positif en utilisant un langage encourageant et bienveillant. Encourager l’autre à trouver lui-même les solutions génère de l’énergie positive et renforce la motivation. Lorsque ma fille m’a raconté le feedback que sa professeure lui avait donné avant l’été, j’ai eu un peu peur. Il n’y avait pas beaucoup de bonne nourriture en retour.

Je suis sûr que sa professeure avait les meilleures intentions du monde, car tout enseignant ne souhaite que le succès de ses élèves. En suivant les quelques recommandations ci-dessus, son feedback aurait peut-être été plus nourrissant et aurait généré plus d’énergie tonique. Et qui sait ? ma fille aurait peut-être eu une meilleure note…


Photo by Florian Biedermann on Unsplash

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